mardi 9 août 2011

Qu'est-ce que ça raconte...

Laurent Galandon et Kas revisitent sous un angle très réaliste, l’histoire authentique d'Amélie Elie, dite « Casque d'Or ». L’histoire de « La fille de Paname » est celle d'une jeune femme qui ne voulait pas devenir blanchisseuse et mourir au turbin comme ses parents. Mais, au début du 20e siècle, le Paris des quartiers malfamés des apaches, macs et autres voyous n'offre à une aussi jolie jeune fille guère d’autres moyens de subsistance que le trottoir et les passes à quelques sous. À moins, bien sûr, que ne vienne le prince charmant, foulard au cou, surin dans la pogne !

À bien y regarder, ce nouveau diptyque de la collection « Signé » est aussi ambigu que le regard qu'on porte aujourd'hui sur l'époque qu'il décrit. En effet, le trait de Kas flirte allègrement avec les femmes de Mucha et ses cases, avec les entrelacs chers à Hector Guimard. Pour un peu, en se laissant porter par ses scènes de bals et de guinguettes, on pourrait presque entendre l'accordéon donner la mesure, battre le rythme de cette époque révolue qui suscite parfois tant de nostalgie. Mais, le scénariste Laurent Galandon n'est pas dupe : inspiré par l'histoire vraie de « Casque d'Or », son récit est un véritable « cantique de la racaille », en droite ligne des chansons de Fréhel. Il nous ouvre les portes d'un Paris rempli d'apaches, où amour rime avec trottoir, où le bourgeois n'est jamais à l'abri d'un coup de couteau revanchard. Si l'auteur de L'Envolée sauvage nous a habitués à une certaine dénonciation de l'injustice à travers ses différents albums, il est ici encore plus subtil que d'habitude, car il nous présente une inégalité vécue comme normale par ses protagonistes. Lesquels savaient bien que lorsque l'accordéon monte d'un ton, c'est souvent pour couvrir le raffut de la rue.

Format : 241 X 318 mm – 68 pages couleurs / Album cartonné - Le Lombard / Collection : Signé

Parution : 16 septembre 2011



1 commentaire:

Edouard Chevais-Deighton a dit…

Ouaouh, voilà un résumé bien alléchant.